La mémoire échoïque : votre cerveau vous aide ou vous trompe ?

Introduction à la mémoire échoïque

Avez-vous déjà passé du temps à comparer le son de deux pédales d’overdrive, tantôt persuadé d’entendre une nuance subtile, puis de changer d’avis lors de l’essai suivant? Ou peut-être avez-vous cherché en vain la guitare acoustique parfaite, incapable de choisir entre deux modèles pourtant très similaires ? Si vous êtes musicien, vous avez sûrement déjà vécu cette frustration. La raison pourrait bien se cacher dans les méandres de votre cerveau, plus précisément dans votre mémoire échoïque.

La mémoire échoïque, c’est un peu comme un écho qui résonne dans votre tête pendant quelques secondes après avoir entendu un son. Elle nous permet de percevoir les sons en continu et de donner une cohérence à ce que l’on entend . Mais cette mémoire nous joue des tours car elle a ses limites. Sa durée est très courte, et sa capacité est limitée. Ces caractéristiques peuvent influencer notre perception des sons, notamment lorsqu’il s’agit de comparer des nuances subtiles.

Dans cet article, nous allons explorer comment elle influence notre capacité à comparer les sons. Nous verrons également comment cette prise de conscience peut vous aider à faire des choix plus éclairés lors de l’achat d’un nouvel article de musique. Nous allons voir pourquoi il est parfois difficile de distinguer deux sons très proches. Enfin, nous découvrirons des astuces pour optimiser vos comparaisons et prendre des décisions plus objectives.

mémoire échoique

Qu’est-ce que la mémoire échoïque ?

La mémoire échoïque, ou mémoire sensorielle auditive, est un système de stockage temporaire des informations sonores. Elle vient compléter notre mémoire à court terme. C’est un peu comme un écho qui persiste quelques instants après que le son original a cessé.

Fonctionnement simplifié :

  • Encodage : Lorsque nous entendons un son, les ondes sonores sont converties en impulsions électriques par l’oreille et transmises au cerveau.
  • Stockage temporaire : Ces impulsions sont ensuite stockées brièvement dans la mémoire échoïque. Elle va nous permettre de percevoir les sons comme un flux continu plutôt qu’une suite saccadée. Nous allons ainsi pouvoir faire le lien entre ces sons pour les traiter et leur donner un sens.
  • Décodage et transfert : Si nous accordons notre attention à un son particulier, il est alors transféré vers notre mémoire à court terme, où il peut être traité plus en profondeur et éventuellement mémorisé à long terme.

Durée et capacité limitées :

La durée de vie d’une information dans la mémoire échoïque est très courte, généralement de l’ordre de seulement quelques secondes. On parle ici de 4 à 6 secondes !! De plus, la capacité de cette mémoire est limitée : nous ne pouvons pas retenir tous les sons que nous entendons. C’est pourquoi, lorsque de nombreux sons nous bombardent simultanément, nous nous concentrons sur les plus pertinents. Nous oublions alors les autres.

Importance pour les musiciens :

La mémoire échoïque joue un rôle crucial dans la perception musicale. Elle nous permet de :

  • Percevoir la mélodie: En reliant les notes successives, nous pouvons appréhender une mélodie dans sa globalité.
  • Identifier les instruments: Chaque instrument possède un timbre spécifique, que nous reconnaissons grâce à notre mémoire échoïque.
  • Apprécier les nuances: Les variations de volume, de timbre et de hauteur sont perçues grâce à la comparaison constante des sons présents dans la mémoire échoïque.

En résumé, la mémoire échoïque est un outil essentiel pour notre vie quotidienne et, en particulier, pour les musiciens. Elle nous permet de vivre une expérience auditive riche et complexe. Cependant, ses limites peuvent parfois nous jouer des tours, notamment lors de comparaisons subjectives.

Biais liés à la mémoire échoïque:

  • L’effet d’ordre: Si vous comparez deux pédales de distorsion, en commençant par une très saturée puis par une plus légère, la seconde vous semblera plus claire qu’elle ne l’est en réalité. Votre cerveau, influencé par le premier son, aura tendance à amplifier les différences perçues.
  • L’effet de contraste: Si vous comparez deux guitares acoustiques, l’une avec des cordes en acier et l’autre avec des cordes en nylon, la différence de timbre vous semblera plus marquée que si vous les écoutiez séparément.
  • L’effet de fatigue auditive: Après avoir joué pendant un long moment, votre perception des nuances sonores peut se dégrader. Un son qui vous semblait clair au début peut sembler plus terne à la fin d’une session d’enregistrement.
mémoire du son

Implications des biais auditifs pour les musiciens

La mémoire échoïque, bien qu’utile, peut parfois nous jouer des tours, surtout lorsqu’on cherche à comparer des sons de très près. Quand vous comparez deux guitares acoustiques, par exemple, la première que vous entendez va influencer votre perception de la seconde. Si la première guitare a un son très brillant, la deuxième vous semblera peut-être plus sombre, même si la différence est minime.

Pourquoi ? Votre cerveau compare constamment les sons entre eux. Le premier son crée une sorte de référence, et vous jugez les sons suivants par rapport à cette référence. C’est un peu comme si vous goutiez un bonbon acide après un bonbon sucré : le bonbon acide vous semblera beaucoup plus acide qu’il ne l’est en réalité.

Alors, comment faire pour éviter ces biais et comparer les sons de manière plus objective ?

Voici quelques astuces :

  • Utilisez un commutateur A/B: Cet outil vous permet de passer instantanément d’un son à l’autre. Vous pouvez ainsi comparer les deux sons de manière répétée et éliminer l’effet de l’ordre.
  • Enregistrez les sons: En enregistrant les différents sons, vous pouvez les réécouter autant de fois que vous voulez, à différents moments. Cela vous permettra de prendre du recul et d’analyser les différences de manière plus objective.
  • Faites des pauses: Si vous passez trop de temps à comparer des sons, votre oreille/cerveau vont se fatiguer et vous aurez du mal à percevoir les nuances. Faites des pauses régulières pour reposer vos organes.
  • Blind testez-vous: Demandez à un quelqu’un de vous faire écouter les différents sons sans vous dire lesquels vous entendez. Cela éliminera tout biais lié à vos attentes.
  • Variez l’environnement: Écoutez les sons dans différentes pièces ou avec différents équipements pour évaluer leur comportement dans des conditions variées.

En résumé, la mémoire échoïque est un outil formidable, mais il faut en être conscient pour l’utiliser à bon escient. En appliquant ces quelques conseils, vous pourras affiner votre oreille et prendre des décisions plus éclairées lors de l’achat de nouvel équipement.

mémoire échoïque et comparaison de sons de guitare

Le son du bois, ou tonewood

Je ne vais pas rentrer dans ce débat ici, même si j’ai un avis bien tranché sur la question suite à une série d’expériences. Être conscient de nos biais acoustiques permet de prendre de la hauteur, du recul, sur ce que nous percevons ou, plus précisément, sur ce que nous croyons percevoir. Il convient d’associer aux caractéristiques de la mémoire échoïque un autre biais, qu’on peut qualifier de « psycho-acoustique ».

La psycho-acoustique prend ses origines dans:

  • Le fait d’entendre ce qu’on a envie d’entendre.
  • Des croyances, ou plutôt des convictions pour être moins péjoratif

Entendons-nous bien, cela nous concerne tous et il n’y a pas de mal à en être victime, c’est parfaitement naturel et lié à notre condition d’humain. Garder son objectivité est un exercice difficile. Pour ne pas biaiser notre jugement, nous devons remettre en cause nos convictions. Cela demande de l’auto-discipline (il faut que je lutte contre moi et mes convictions), de l’humilité (je ne sais peut-être pas tout), et une vraie curiosité (je vais essayer d’apprendre quelque chose).

Les débats sur le son du bois sont légion dans le milieu de la guitare électrique. On ne compte plus les forums et les chaines YouTube sur lesquels les intervenants et les auditeurs se déchirent et s’insultent dans les commentaires. Pour ce qui est des guitares acoustiques, le consensus ne fait pas de doute, le sujet fait l’unanimité, il n’y a donc pas de sujet…

Pas question pour moi dans ce chapitre d’alimenter la polémique, mais juste de faire prendre conscience de la manière dont notre jugement peut être impacté par nos organes et le traitement des informations sonores reçues. L’idée est donc de questionner sa perception du son par la compréhension des facteurs qui peuvent l’affecter.

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